Photo d'une main gantée de bleu tenant un tube à essai chimique
Photo par Chokniti Khongchum sur Pexels
18.12.2019 - 7 min. Lire

De quelle façon un partenariat entre l’industrie et l’enseignement en Ontario donne un avantage aux étudiants en matière de sécurité au travail

Dans les secteurs techniques où la manipulation de matières dangereuses ou explosives est une activité quotidienne, la sécurité au travail prend tout son sens.

Bien que certains secteurs d’activités ou certaines organisations doivent respecter des normes de sécurité et suivre une formation d’appoint obligatoire, il est toujours difficile de donner accès à cette formation aux étudiants avant leur entrée sur le marché du travail.

C’est un défi qui préoccupe depuis longtemps Graeme Norval, professeur au Département de génie chimique et de chimie appliquée de l’Université de Toronto et président du Comité de la gestion de la sécurité opérationnelle CAN/CSA Z767 qui a élaboré cette dernière norme en 2017, mise en vigueur par l’Association canadienne de normalisation.

Au dire de M. Norval, il n’existe pas de cours normalisé pour enseigner la gestion de la sécurité opérationnelle dans les programmes de génie en Ontario, et souvent le personnel enseignant ne sait pas trop comment aborder la question.

Nouvelle norme, nouveau contenu de cours

Par un heureux hasard, au moment où la norme de 2017 a été mise en œuvre, Energy Safety Canada (ESC), l’association nationale pour la sécurité dans les secteurs pétrolier et gazier, voulait mettre à jour ses modules de formation pour tenir compte de cette norme. L’organisation voulait également rendre les modules accessibles à un plus large auditoire, et notamment aux étudiants.

La solution? Graeme Norval et ESC se sont associés et ont demandé l’aide d’eCampusOntario pour mettre à jour les modules d’ESC. Idéalement, les nouveaux modules obéiraient à la nouvelle norme, seraient disponibles en français et à la portée des étudiants. Le résultat, c’est un cours en ligne qui peut être suivi en tout temps et qui comble d’importantes lacunes en matière de sécurité, tant pour les étudiants que pour les travailleurs de l’industrie.

« Notre objectif est le même que celui de l’industrie : zéro blessure, zéro incident », a déclaré Robert Waterhouse, conseiller principal à ESC. « En nous associant à la mise à jour et à la prestation de ce cours, nous permettons une meilleure compréhension de ce sujet important dans les milieux universitaires, industriels et communautaires partout au Canada. »

La gestion de la sécurité opérationnelle est souvent associée aux secteurs pétrolier et gazier, mais elle joue un rôle capital dans toute activité qui exige le stockage, la fabrication ou la manipulation de produits chimiques dangereux. Dans ces domaines, le non-respect des normes de sécurité peut entraîner une brûlure chimique légère ou une fuite de gaz mortelle. Selon Graeme Norval, les règles de gestion de la sécurité opérationnelle sont enseignées au travail, mais pas aux étudiants. « La question est de savoir comment transmettre ces connaissances aux étudiants avant qu’ils obtiennent leur diplôme. L’apprentissage numérique donne aux élèves les outils pour apprendre ces principes de base. »

L’apprentissage numérique comme égalisateur

Selon Jeffrey Castrucci, chargé de cours à temps partiel à l’Université de Toronto et préparateur de programmes d’études qui a travaillé à ce projet, le processus a consisté à éditer les fichiers existants d’ESC à l’aide d’Articulate 360, un logiciel conçu pour créer des programmes interactifs. Graeme Norval et lui ont révisé le contenu pour qu’il reflète la nouvelle norme nationale, qu’il respecte le règlement d’application de la Loi de 2005 sur l’accessibilité pour les personnes handicapées de l’Ontario (LAPHO) et qu’il y figure ce que Jeffrey Castrucci appelle des questions basées sur l’application plutôt que des questions de type vrai ou faux. Selon ce dernier, les étudiants en génie trouvent souvent ces types de questions plus utiles à leur apprentissage. L’équipe a également élaboré une version française du module, de sorte que les collèges et les universités francophones ont également accès au matériel.

« Je pense que c’est une excellente solution de rechange par rapport au cadre traditionnel de l’enseignement magistral, qui ne fonctionne pas toujours pour les étudiants », dit‑il en parlant des modules en ligne. « Ils ont ainsi la possibilité de progresser à leur rythme, d’étudier à n’importe quelle heure et dans le bon état d’esprit pour absorber l’information. »

Les travailleurs de l’industrie peuvent faire les modules sur le site Web d’ESC, mais ces derniers peuvent facilement être intégrés à un cours collégial ou universitaire existant que les étudiants font à leur rythme. Les modules comprennent des lectures, des vidéos et des vérifications de compréhension personnalisables, comme des interrogations. « L’utilisation de vidéos, affirme Graeme Norval, est particulièrement efficace dans ce domaine. » En fait, il demande à ses étudiants de visionner le documentaire de la BBC sur la catastrophe de Bhopal en 1984, au cours de laquelle 500 000 personnes ont été exposées à l’isocyanate de méthyle, un gaz toxique qui s’est échappé d’une cuve industrielle. Pour quelque chose d’aussi crucial qu’une fuite ou un déversement, la vidéo est souvent le meilleur moyen de montrer ce qui peut résulter d’un non-respect des règles en lien avec la gestion de la sécurité opérationnelle. « Les étudiants comprendront si vous leur dites :“Voici à quoi ça ressemble quand ça va vraiment mal”, dit-il, mais comment imaginer le mal si vous ne l’avez jamais vu? »

Préparer les apprenants à réussir dans l’industrie

Le projet permet également ce que Graeme Norval appelle « une réduction de la hauteur de la marche » de l’école à l’industrie. « Leur entrée est un peu plus facile, alors leur contribution est un peu plus précoce, ce qui est bon pour l’économie. Ils acquièrent aussi de l’estime de soi parce qu’ils savent dans quoi ils s’embarquent avant d’y entrer. Même dans les entrevues d’embauche, ils sont en mesure de parler de ces choses, ce qui leur donne un pas d’avance sur tous les autres. »

Selon Graeme Norval, les modules mis à jour sont utilisés par le Département de génie chimique de l’Université de Toronto, où environ 100 étudiants par année les complètent. Ils ont également été adoptés par d’autres collèges et universités, dont l’Université de Sherbrooke, au Québec. Le fait qu’ils puissent être utilisés par les divers paliers d’enseignement est un plus. « Nous voulions vraiment rendre ces modules accessibles aux universités, aux collèges, mais aussi aux employeurs, voire aux travailleurs immigrants. De cette façon, tout le monde y gagne. »

Ce projet n’est qu’un exemple de l’engagement d’eCampusOntario à exploiter le potentiel qu’offre l’apprentissage assisté par la technologie d’élargir l’éventail des options pour la formation de la main-d’œuvre.

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