Conception hybride enchevêtrée : la danse entre la pédagogie et la technologie avec Tim Fawns

Le 9 novembre à 12 heures, Tim Fawns, docteur en éducation, prononcera son discours d’ouverture intitulé « Pédagogie enchevêtrée et conception hybride » par le biais de Zoom. Pour donner un aperçu de sa présentation à venir, il s’est joint à eCampusOntario pour une série de questions et réponses sur la technologie, l’éducation et la danse complexe qui se joue entre ces deux éléments.

eCampusOntario : Comment votre présentation sur la pédagogie enchevêtrée peut-elle avoir une incidence sur la méthode d’enseignement des participants au SVAT? 

Tim Fawns : Je souhaite que la pédagogie enchevêtrée leur donne un point de vue qui oriente la conception, la pratique et la politique en matière d’éducation. J’espère qu’ils reconnaîtront davantage les risques et avantages potentiels de la technologie en lien avec leur situation éducative précise et qu’ils sauront comment faire évoluer cette reconnaissance.

Donnez-nous un aperçu de votre modèle de pédagogie enchevêtrée. De quoi s’agit-il?

La pédagogie enchevêtrée tente d’expliquer, en des termes qui peuvent être compris par un public relativement large, comment l’activité et les résultats éducatifs émergent d’une combinaison complexe de facteurs allant au-delà des méthodes et des technologies éducatives. La dichotomie pédagogie/technologie est trop simpliste.

Nous devons dépasser l’idée que l’un peut entraîner l’autre et élaborer une reconnaissance plus sophistiquée des rôles des technologies, des méthodes d’enseignement, des objectifs, des valeurs et des contextes afin d’être mieux à même de concevoir, d’évaluer et de mettre sur pied des pratiques éducatives. La pédagogie enchevêtrée peut également nous aider à voir les acteurs de ces activités éducatives et comment ils y participent.

Vous vous êtes joint à l’Université d’Édimbourg en 2007 en tant que développeur d’apprentissage en ligne. Selon vous, qu’est-ce qui a eu le plus grand impact sur l’évolution de l’apprentissage en ligne au cours des 15 dernières années? 
 
Probablement l’assistant trombone que l’on retrouvait dans Microsoft Word. En fait, voir l’apprentissage en ligne non pas comme un ensemble de technologies, mais comme une activité émergente.Je pense que le plus grand facteur d’influence a été la relation tumultueuse entre les établissements d’enseignement et les fournisseurs de technologie. Il y a souvent un décalage entre les objectifs et les valeurs, ce qui, pour moi, signifie que nous avons eu du mal à tirer le meilleur parti de nos collaborations.

Vous vous intéressez particulièrement aux visions complexes de l’intégration des technologies dans les pratiques éducatives. Qu’est-ce qui a suscité cet intérêt? 

Je suppose que mon intérêt pour la complexité qui entoure la technologie et l’éducation remonte à l’époque où j’étais technologue d’apprentissage, avant de devenir conférencier en formation clinique. À l’époque, les professeurs me demandaient de l’aide technique pour les logiciels et le matériel, sans toujours savoir pourquoi ils utilisaient ces technologies et, très souvent, sans vraiment comprendre les répercussions en matière de vie privée, d’accessibilité, d’inclusion ou d’éthique.

J’ai également rencontré beaucoup de résistance à la technologie, car certains éducateurs étaient fermés aux avantages potentiels de l’intégration de la technologie dans la conception de l’enseignement.

Dans vos travaux, vous avez mentionné qu’il existe une réciprocité entre la technologie et la pédagogie, deux éléments qui participent à une « danse », sans que l’un entraîne l’autre. Parlez-nous de la genèse de cette idée. Y a-t-il eu un moment où cette théorie s’est mise en place comme par magie?
 
La base de l’idée était là depuis longtemps. Je l’ai élaborée lorsque Petar Jandric m’a invité à rédiger un article intitulé « Postdigital Education in Design and Practice » pour sa nouvelle publication Postdigital Science and Education. Alors que j’élaborais ma définition du postnumérique, je me suis rendu compte que, d’après moi, elle reflétait le problème de la séparation courante dans le discours des activités numériques et non numériques. Par la suite, j’ai commencé à voir plus clairement le problème des personnes qui affirment que la pédagogie doit être privilégiée par rapport à la technologie.

Je suis d’accord pour dire que la technologie ne doit pas être privilégiée par rapport à l’importance que les éducateurs et les étudiants accordent à l’éducation, mais cela n’a pas de sens de reléguer la technologie au second plan, car elle est une partie inévitable et fondamentale de la pratique éducative, et ce, avant même l’invention de la technologie numérique. Par conséquent, nous devons tenir compte de la technologie tout en veillant à ce que nos conceptions et nos pratiques soient conformes à nos objectifs et à nos valeurs, ainsi qu’aux contextes de notre enseignement et de nos étudiants

J’ai rédigé un billet pour le blogue Teaching Matters de l’Université d’Édimbourg intitulé « Pedagogy and technology from a postdigital perspective » à ce sujet. Cette idée a été étonnamment populaire, ce qui m’a incité à l’élaborer plus avant dans un article portant sur ce que j’ai appelé la pédagogie enchevêtrée afin de rendre compte du caractère indissociable de tous ces facteurs d’influence.

Visionnez le discours-programme du Dr Tim Fawns sur TESS 2022 sur la chaîne YouTube d’eCampusOntario.

Tim Fawns a obtenu sa permanence à l’Université d’Édimbourg en tant que développeur d’apprentissage en ligne en 2007. Il est désormais chargé de cours principal en formation clinique à l’Université d’Édimbourg. Il est codirecteur de la maîtrise en formation clinique en ligne et directeur de l’institut international Edinburgh Summer School offrant un programme de formation clinique. Il dirige également un cours sur la « société postnumérique » pour l’Edinburgh Futures Institute.

Tim Fawns est titulaire d’un doctorat en éducation, d’une maîtrise en apprentissage en ligne de l’Université d’Édimbourg, en Écosse, et d’un baccalauréat en multimédia et conception graphique de l’université Griffith, en Australie.